logo

Please wait…

Project Description

[FR]

“Please wait…” s’érige dans l’espace comme un dispositif d’attente généralisée. Un monolithe, bloc de béton austère, capte les gestes du spectateur. Tandis qu’en vis-à-vis, un paysage effondré, ruines d’une architecture moderne, persiste dans son immobilité. Quelques écrans y survivent, diffusant inlassablement leurs boucles d’attente, comme si l’image, malgré la destruction, refusait de disparaître.

Le spectateur manipule les boutons lumineux, insiste, s’acharne même : les motifs se recomposent, le flux s’anime, mais le décor reste muet. La ruine ne se relève pas. Le dispositif n’accorde qu’une illusion d’efficacité : il traduit cette condition contemporaine où l’action individuelle ne fait que déplacer la surface des choses, sans jamais atteindre la structure qui les gouverne.

L’installation se construit dans la tension entre deux expériences contradictoires : d’un côté, l’interactivité, promesse d’un pouvoir du geste ; de l’autre, l’inertie du réel, qui confronte le spectateur à son impuissance. Dans cet entre-deux, se déploie un bruit : celui de la guerre informationnelle. Une polyphonie de discours politiques, vidés de substance, régénérés par l’IA, ne conserve que leur mécanique persuasive : rythmes creux, cadences vides, rhétoriques spectrales.

“Please wait…” met en scène le moment où le langage se défait de son ancrage au monde, où l’action se réduit à une performance autoréférentielle, où l’engagement n’est plus qu’un geste ritualisé. C’est une œuvre qui ne propose pas la catharsis, mais l’inconfort : elle confronte le spectateur à l’expérience d’une attente sans résolution, miroir de cette époque où l’on croit agir alors que le monde, obstinément, demeure immobile.

[EN]

“Please wait…” stands in space as an apparatus of generalized waiting. A monolith, an austere block of concrete, captures the viewer’s gestures. Facing it, a collapsed landscape, the ruins of modern architecture, persists in its stillness. A few screens survive there, tirelessly looping their loading sequences, as if the image, despite the destruction, refused to disappear.

The viewer manipulates the glowing buttons, insists, even stubbornly persists. Motifs recombine, the flow comes to life, but the setting remains silent. The ruin does not rise again. The apparatus grants only an illusion of efficacy: it articulates a contemporary condition in which individual action merely shifts the surface of things, never reaching the structure that governs them.

The installation is built on the tension between two contradictory experiences: on the one hand, interactivity, the promise of agency through gesture; on the other, the inertia of the real, which confronts the viewer with their powerlessness. In this in-between, a noise unfurls, that of information warfare. A polyphony of political discourses, emptied of substance and regenerated by AI, retains only its persuasive machinery: hollow rhythms, empty cadences, spectral rhetoric.

“Please wait…” stages the moment when language cuts loose from the world, when action is reduced to a self-referential performance, when commitment becomes nothing more than a ritualized gesture. It is a work that offers not catharsis but discomfort: it confronts the viewer with the experience of waiting without resolution, a mirror of an era in which we believe we act even as the world, obstinately, remains immobile.

In Portfolios